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ARAM-J. POTHIER

Des hommes venus de France ont traversé des mers inconnues, en route vers des terres inexplorées, incertaines. Ils allaient conquérir un monde à la France. Pour la plupart, ils étaient de petites gens. Ils ont patiemment bâti cette chose commune : l’histoire. Prêtres, ils ont évangélisé les peuples et jeté parmi nous le grain de sénevé. Paysans, ils se sont penchés sur le sol et se sont lentement identifiés avec lui. Ils y versaient leur peine ; ils y enfouissaient leur travail. Là où ils n’avaient trouvé qu’orgueilleuses et libres forêts, ils semaient la vie ; et les arbres géants tombaient sous leurs cognées. Soldats, ils ont défendu la terre durement conquise. Leur héroïsme est ignoré, obscur, passé ; en est-il moins beau ? Soldats de Fontenoy, soldats en dentelles, soldats de Carillon, paysans-soldats, tous sont de la même glorieuse lignée des soldats de France, également grands, altiers, vaillants. Ils sont tous de la même armée ; ils nous appartiennent comme nous leur appartenons ; leur héroïsme nous guide. Cette pensée nous soutient que nous continuons leurs œuvres. L’éclair de leur épée illumine encore notre route. Notre âme est remplie de leurs espoirs. Morts sublimes, ils engendrent la vie ; leur défaite se prolonge en victoire. En répandant leur sang, ils ne l’ont pas épuisé.

Tous ces hommes nous apportaient leurs croyances, leurs mœurs, leurs idées, leur caractère ; et tous