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LA TRADITION FRANÇAISE

vous la puisez dans la satisfaction d’une tâche vaillamment accomplie ; mais il était bon et juste que cette manifestation eût lieu et que la reconnaissance d’un peuple vous fût offerte en suprême et fraternel hommage.

« Au Canada, disait M. Marcel Dubois, on garde le souvenir de ses origines françaises avec la jalousie que l’on sait mettre à garder ses lettres de noblesse ». On peut en dire autant de vous, monsieur, et de nos compatriotes qui vivent aux États-Unis. Nous acceptons ces origines avec fierté, sans croire qu’elles puissent nous diminuer en quoi que ce soit. Elles sont pour nous un gage d’avenir. De quoi vivons-nous, en effet, et quelle est la raison fondamentale qui conditionne nos attitudes ? Notre histoire française : voilà la source de notre émotion, la détermination de nos volontés, notre orgueil agissant. Nous sommes des témoins. Dans le grand tout canadien, nous apportons un élément de diversité, une force, une élégance latine. Et qui donc nous en ferait un reproche ? Le droit de se souvenir n’est inscrit nulle part si ce n’est dans le cœur, et il est éternel comme lui. Les Anglais, les Écossais, les Irlandais ont, comme nous, la religion d’une patrie lointaine. Le patriotisme ne se déracine pas, ne se divise pas : il s’impose et demeure au fond des êtres comme un principe de vie.