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À LA MISSION CHAMPLAIN

fait lever des champs de guerre la civilisation moderne.

Nous avons vécu un peu de ce chapitre ; nous avons été des batailles françaises et nous avons combattu, messieurs, pour votre pays.

Combien nous admirons ce paysan-soldat qui nous venait de France. Le cœur rempli de sa défaite, il pose son arme inutile et rêve de son malheur. Il est vaincu. Tout ce qu’il avait mis d’espérance dans sa patrie nouvelle s’évanouit brutalement. Modeste artisan de civilisation, il avait fondé cet espoir magnifique d’assurer par son effort la conquête française. Il ne lui reste que son champ, son foyer, sa chapelle ; encore redoute-t-il que la main du vainqueur ne lui ravisse ces derniers biens. Ce sont là les seuls retranchements où se blottir, lui et les siens, pour commencer le long travail de résistance qu’il prévoit. Quelle énergie, quelle fidélité à ses origines il lui faut pour ne pas se laisser ensevelir sous autant de ruines ! Celui-là fut le plus grand parmi nous et nous lui devons notre histoire, car, la première douleur subie, il comprit la force du souvenir. Il lui restait la vie : et, dans la terre où dormait ses morts, il jeta à pleines mains, d’un geste décidé, la moisson d’une France nouvelle.

Plus tard, le vainqueur nous donna des armes. Nous nous en sommes servis pour conquérir d’abord