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LA TRADITION FRANÇAISE

rencontrer un jour, par delà les querelles, dans les grandes et larges idées qu’il vient d’exprimer. C’est une fête française, et qui nous rappelle d’où nous venons, qui nous indique où nous devons aller.

Nous venons de France. Cette terre d’Amérique était jadis couverte d’orgueilleuses forêts. Chateaubriand y retrouvait, comme agrandie, sa mélancolie de Combourg, pour la projeter ensuite sur le siècle où elle devait germer en d’innombrables beautés. Un souffle intense a passé sur cette terre, et la voilà soumise aux forces humaines. Elle s’anime chaque jour davantage De la vieille Europe, des hommes viennent vers elle nombreux. On se demande s’il y aura place pour eux et si tant d’énergies ne vont pas s’épuiser vainement.

Au sein de ces peuples dont le premier souci est de mettre un peu d’unité dans les éléments souvent opposés qui les composent, au milieu des hommes nouveaux qui se succèdent, nous sommes demeurés fidèles au souvenir. Qu’importe, si nous n’avons pas conservé toutes les qualités du génie français ? Qu’importe, si nous avons dû, pour mieux servir la France, consentir à en ignorer les beautés ? Qu’importe, si nous avons dû nous pencher sur le sol pour y creuser, profond, le sillon où d’autres viendront jeter une semence tardive ? Qu’importe tout cela, puisque nous sommes restés. Le