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AUX ÉTUDIANTS

le rire large et franc, n’ayez pas peur d’une larme, ne vous refusez pas un beau geste, sachez ne pas réprimer les sentiments élevés vers lesquels les battements du cœur, en se faisant plus rapides, semblent vouloir se hâter. La plus belle part de la jeunesse, et son plus grand tort aux yeux de certains, ce sont ses illusions ; et si parfois on lui conseille de ne pas consentir à les perdre, il arrive qu’on lui reproche de les avoir conservées.

Qu’importe ! gardez-les. Si c’est venir trop pauvre en un siècle trop riche que d’y vivre avec ses illusions, s’il peut paraître ridicule, exalté, peu pratique, de croire à l’idéal, croyez toujours et quand même, portez à votre boutonnière cette « petite fleur au cœur d’or », dût-on vous appliquer ce vers étrange et profond dont je garderai toujours l’écho pour l’avoir entendu tomber des lèvres de Jean Richepin sur la tombe à peine fermée d’un de ses illustres amis :


Tu portes fièrement la honte d’être beau !


Mais voilà, messieurs, des pensées bien graves pour une fin de banquet. Retournons au bord des coupes : à nous, votre gaieté. L’heure est à la joie et ne nous occupons du lendemain que pour le souhaiter radieux.

Je bois aux Étudiants de Laval, d’aujourd’hui, d’autrefois, de toujours !