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AUX ÉTUDIANTS

nous savons erronée ; mais ne nous refusons jamais l’effort nécessaire et singulièrement consolant qui nous créera un jugement ferme, droit, sain et juste. Relisez la première page d’un livre de Taine et voyez comment, avant que de voter et pour éclairer sa religion politique, le grand philosophe voulut écrire les Origines de la France contemporaine.

Nul ne finit à lui-même ; ne vivons pas seulement notre vie, mais aussi celle de la nation, celle du peuple dont nous sommes une part, quoi que nous fassions. Nous avons à remplir une mission ; connaissons-la pour y croire et l’accepter. Approfondissons les problèmes de notre histoire : nous y trouverons la solution des heures, peut-être difficiles, de demain. Nos pères ont posé les prémices de l’œuvre que nous accomplissons, que d’autres accompliront après nous, sans la terminer. Si l’héritage doit nous passer par les mains, nous nous devons aussi de l’enrichir, car il nous impose un effort nouveau.

« Les adolescents ne connaissent pas l’illusion de créer », écrivait récemment un chroniqueur français. Cela n’est pas vrai absolument, au moins dans le domaine matériel. L’énergie s’éveille vite, surtout chez les peuples jeunes où les générations n’ont pas accumulé de patrimoine : la nécessité commande, l’ambition obéit. Mais une fois la vie