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LA FEMME ET L’ENSEIGNEMENT

pardonné à Socrate quelque parole acerbe, à cause de sa légendaire épouse — il est peut-être des femmes qui sont des arguments — mais pourquoi Aristote, Platon, Pythagore, Eschyle ? Et pourquoi Epictète, dont c’était pourtant la fière devise que de s’abstenir, a-t-il manqué une aussi jolie occasion de se taire ?

C’est que la pensée antique consacrait un état de choses malheureusement accepté par tous, et qui subsiste encore chez les peuples restés fermés, jusqu’ici, au christianisme : l’infériorité sociale de la femme. Et cela est si vrai que, là où la loi de justice et d’amour a faibli, l’inégalité ancienne a reparu. C’est au XVIIe siècle que Fénélon a pu écrire son immortel Traité de l’Éducation des Filles, si vivement remis en lumière par Jules Lemaître, il y a quelques mois, en plein Paris. En retour, si les philosophes rationalistes d’une autre époque ont pu un instant se complaire à écouter des femmes inégalement célèbres et qui avaient beaucoup de cœur, infiniment d’esprit et parfois moins de tête, encore est-il qu’ils n’ont pas su porter sur la femme un jugement qui fut juste et qu’ils l’ont traitée, dans leurs œuvres, en inférieure.

Au surplus, la querelle demeure même de notre temps. Sauf Stuart Mill, les deux Legouvé et quelques autres noms illustres, le XIXe siècle n’a pas toujours été courtois. Les philosophes — et