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il reste que nous ne nous surveillons pas suffisamment, que nous ne cultivons pas assez notre langue, que nous n’en recherchons pas les beautés, que nous la laissons s’étioler, s’anémier en nous, par pure insouciance. Prenons garde de mériter, ne fût-ce qu’au dixième, le reproche que l’on nous fait de ne parler qu’un vague patois. Ceux qui le disent n’ont sans doute jamais assisté à un sermon de Notre-Dame ou à une conférence de l’Alliance française où les âmes s’unissent, où les intelligences se complaisent et s’accordent ; mais combien plus pourrons-nous détruire cette légende, accréditée par nos chers compatriotes d’outre-Québec, si nous perfectionnons incessamment notre parler ? Négligerons-nous cette supériorité ? Notre langue est une arme, ne la laissons pas se rouiller. Notre langue est un signe, un témoignage, une force : n’allons pas l’affaiblir. Mettons-nous à son service, si c’est elle qui commande. Faisons-la triompher en nous. C’est encore être patriote que de bien parler sa langue. Dans la tâche si lourde qui nous est réservée, rien ne doit être négligé ; dans la lutte que nous entreprenons, rien ne doit donner prise sur nous.

L’étude de la grammaire est sans doute nécessaire à quiconque veut acquérir la connaissance ration-