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parfois aux plus curieuses constatations, aux réflexes les plus inattendus. Il affirmait ses préférences pour le théâtre bien fait. Alexandre Dumas. André Picard, Romain Coolus, Marcel Prévost, en y ajoutant les Deux Orphelines, la Grande Marnière et le Chevalier Satan, ne lui plaisaient guère. Il réclamait du théâtre « moins bon enfant que celui de Dennery et moins idiot que celui de Georges Ohnet, » trouvant, dans la réflexion d’une brave femme, l’indice d’une révolution nécessaire et déjà assurée « Moi, tant qu’à aller au théâtre pour pleurer, j’aime autant rester chez nous ! » Ce n’était pas « pour pleurer » qu’on allait entendre le théâtre de De Flers et Caillavet, « d’une bonhomie délicieuse, franchement optimiste, et pourtant légèrement sceptique et irrévérencieux… s’offrant au spectateur comme le pétillement, non pas d’un vin de champagne parce qu’il n’en a pas la griserie perfide, mais d’une eau pure, gazeuse, qui jaillit en étincelles, pique agréablement et rafraîchit. Loin de subir, comme celui de Marcel Prévost et de tant d’autres auteurs du jour, la fatigue et le raffinement d’une civilisation décadente, il donne surtout l’impression très réconfortante d’une œuvre jeune, pleine de sève féconde et saine. »

En restant ainsi fidèle au goût français, Joseph Baril prêchait d’exemple. Il n’était pas pour cela un déraciné. Il avait su garder toutes ses attaches