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réduite par un ministre aux étroites dimensions « d’une affaire, » à n’être plus qu’une pesée d’intérêts soi-disant économiques, lui arrachait ce cri : « Ce n’est pas assez de condamner la politique d’affaires. Il faut la haïr. Il n’y en a pas de moins nationale. Il n’y en a pas de plus mortelle au patriotisme… qui ne peut tenir, dès qu’on lui dérobe son âme d’idéalisme. » Il exultait à célébrer le véritable héroïsme, dont la guerre des Balkans marquait le réveil. L’incident d’Agadir lui apportait la confirmation de ses plus ardents espoirs. Il y voyait la restauration de la France militaire. On sait à quel point il avait raison. Ceux qui ont approché la France, à ce moment de silencieuse angoisse, peuvent dire avec quel courage, avec quelle unanimité d’idées et de sentiments elle avait résolu de lutter. Elle a, ce jour-là, vaincu moralement. Sa dignité a triomphé définitivement d’une trop longue bravade. Le peuple français a, sans s’y tromper, obéi stoïquement aux « exigences sentimentales du patriotisme. » Les raisons de fortune, d’intérêt financier, de colonisation lointaine, passaient au second plan : la nation défendait sa terre et ses morts. « Notre pays a repris conscience de sa force, constatait Henry du Roure, en 1911. Il a repris conscience de lui-même : il a retrouvé ses qualités de fierté, de bravoure, d’élan… Si la guerre éclate, nous sommes