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a eu la raillerie facile, outrée, mordante et n’a pas toujours su réprimer une certaine violence de ton, épousant les rancunes, sacrifiant aux traits d’une satire satisfaite un effort littéraire qui méritait plus d’attention, sinon plus de respect.

Depuis quelques années un mouvement se dessine et prend corps, qui paraît devoir aboutir à la constitution d’une critique plus méthodique. Il vaudrait d’être étudié dans son ensemble. Les essais de Louvigny de Montigny, d’Ægédius Fauteux, de Fernand Rinfret, de l’abbé Émile Chartier, les articles épars d’OIivar Asselin, de Jules Fournier et de Léon Lorrain, les livres de l’abbé Camille Roy marquent un effort raisonné et suivi de critique renouvelée, sérieuse, élargie, de critique scientifique, se tenant plus près des réalités, curieuse de pénétrer les œuvres, d’en rechercher les raisons profondes jusque dans leurs origines lointaines. Ainsi M. Roy, analysant l’œuvre de l’abbé Henri Raymond Casgrain, s’arrête à dégager la formation de sa pensée et les influences qui ont conditionné ce talent d’historien, de poète et de critique littéraire. Conçue de la sorte, la critique raffermit ses propos et gagne en solidité ce qu’elle perd en fantaisie ; elle trouve, dans l’application minutieuse de ses méthodes, une règle sûre qui maintient ses appréciations dans les limites d’une dialectique rigoureuse et la