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Romance du vin. Ainsi des Silencieux de M. Jean Charbonneau, des Mouettes de M. Gonzalve Desaulniers ou du Cap Éternité de M. Charles Gill, pour ne mentionner que ceux-là. M. Paul Morin paraît avoir élégamment tranché le débat par un quatrain, souvent cité :

J’attends d’être mûri par ta bonne souffrance
Pour, un jour, marier
Les mots canadiens aux rythmes de la France
Et l’érable au laurier

Ce dernier vers fait le titre du nouveau recueil d’Albert Lozeau qui unit, en effet le souffle généreux de la France aux espoirs du Canada français.

L’influence française, nécessaire et féconde, doit être avant tout une influence éducatrice, une véritable discipline, tutrice de l’esprit, qui dirige sûrement notre légitime désir d’assurer, par des œuvres qui soient canadiennes, notre personnalité littéraire. M. Jean Charbonneau s’en explique à plusieurs reprises en des termes très nets, dont la rude franchise est loin de nous déplaire. Retenons ces lignes : « À l’avenir, l’influence française ne sera ni un procédé, ni un artifice de composition ; mais un moyen pour arriver, par échelons, à une originalité conforme aux aspirations de notre race, à l’indépendance de notre tempérament et de nos idées. » Ainsi le chemin s’achève par un retour à la terre. Tous les régionalistes français, roman-