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rête, soudain plus grave, à méditer sur la catastrophe du Titanic, du « Titan foudroyé, » ou sur les stupéfiantes audaces de la bande Bonnot ; ce sont des idées qu’il poursuit, qu’il rencontre, qu’il défend. Il est à l’affût de la réalité, pour lutter avec elle, la surprendre ; et montrer en elle l’épreuve, et parfois la défaite, des plus beaux systèmes, des plus béates théories.

Avec bonne humeur, sans étroitesse de vue, et sans cette amertume chronique qui marque la manière de certains polémistes, il rétablit, dans un style vivant et coloré, les traditions françaises. La tradition : le mot naguère était mal venu. Qui oserait en sourire aujourd’hui, quand le clairon réveille dans l’âme du troupier toutes les vaillances d’autrefois ; quand les vieux noms de batailles, accumulés dans la gloire du passé, indiquent encore la route aux mêmes armées victorieuses. La tradition, c’est le « dépôt sacré » de la nation, disait hier le Président Poincaré, en remettant aux soldats français l’emblème qui la symbolise ; c’est l’obéissance active des siècles. La logique de l’histoire, sa première éducatrice, paraissait à Henry du Roure la meilleure école, la règle la plus sûre. Épris de progrès, il en cherchait la réalisation sans dépasser ses propres limites. Il comptait sur l’action, instinctive ou raisonnée, des belles qualités de sa race, sur l’équilibre des forces, sur