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de notre histoire, dans cette longue résistance aux menaces du nombre et de la force, dans cette terreur de l’oubli et cet inlassable besoin de victoire, comme il renaît magnifiquement le geste franc.

Aujourd’hui, la lutte n’est plus aussi brillante. Elle s’accomplit sur un autre terrain, avec des armes nouvelles moins familières peut-être à l’énergie française. Mais la condition première de notre existence subsiste toujours, et, si le geste est moins beau, la surveillance est la même.

Pour cette lutte qui dure, l’instinct et le sentiment ne sauraient nous suffire : il nous faut connaître, pour nous en pénétrer, la raison de notre vie nationale, et en apprécier toute la valeur d’action. Il nous incombe de réaliser la logique de notre destinée en complétant notre innéité par une culture qui soit française et en continuant nos pères dans leur pensée autant que dans leurs actes.

À M. Fabre, plus peut-être qu’à aucun des nôtres, il fut donné d’accomplir pleinement une aussi noble tâche ; et si nous nous inclinons avec respect devant le politique, l’écrivain, et le diplomate, nous ne laisserons pas d’admirer comment il sut, tout en restant Canadien d’esprit, de cœur et de mœurs, manifester brillamment par l’épanouissement continu de sa personnalité sa filiation française.

Mai 1911.