Page:Montpetit - Au Service de la Tradition française, 1920.djvu/107

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment il essaiera jusqu’à la fin de le mettre dans la mémoire de tous les Français.

En écrivant ces articles ou ces conférences, il faisait preuve d’une culture étendue et variée, d’un sens avivé de la beauté, d’une rare sûreté dans l’expression. Son style est pur, souple et dégagé. Il savait la place et le sens des mots et la valeur d’une pensée. Il tâchait de ne rien sacrifier à la forme tant il avait le souci de l’art.

Il fut, d’abord et par-dessus tout, journaliste. Il avait toutes les qualités que le métier exige. Il lui plaisait de se tenir sur la brèche, de lutter, de se battre pour une idée, de triompher par un mot.

Il maniait l’esprit comme une lame fine dont il savait où loger la pointe. Son verbe, sans rien perdre de la réserve qu’il faut, savait se faire railleur. Si plus tard, les années venues, il mit un peu de cendre sur cette flamme, du moins ne voulut-il jamais abdiquer son droit d’être lui-même. Il eut toujours cet avantage de penser tout ce qu’il écrivait ; et, si la sagesse diplomatique l’exigeait trop, il faisait taire son ardeur, posait sa plume, donnait son opinion et, avec un sourire, se contentait de penser ce qu’il n’écrivait plus.

Au surplus, avait-il toujours aimé les lettres et fréquenté les auteurs. Il était resté un romantique,