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tous les temps. Il écouta son cœur et sa raison. Il prit rang parmi l’école nouvelle des sociologues. Résolu à servir, il se jeta dans la bataille et se choisit un chef, Marc Sangnier, qu’il aima profondément et dont il fut un des plus beaux lieutenants. Il écouta son cœur et sa raison : il se fit apôtre.

De cette époque, il nous reste de lui les Chroniques françaises et chrétiennes, petit recueil où sa pensée, inquiète et confiante tout à la fois, s’arrête un instant. Ces quelques pages sont détachées du journal où il collaborait. Ce sont des chroniques : l’œuvre d’un jour, mais qui n’offre pas uniquement l’intérêt de l’actualité. Elle est révélatrice. Les faits qu’elle retient et commente se complètent : leur variété forme un tout ; ils précisent une situation d’ensemble, ils s’additionnent en un argument final ; chacun se précipite, parle, plaide, convainc. Ils laissent chez le jeune écrivain, attentif à les recueillir, une trace vive ; ils ont en lui des répercussions qui manifestent la persistante unité de ses préoccupations, ses façons identiques de regarder et de comprendre les sommets de la vie. Il est là tout entier, avec ce qui faisait la marque et le charme de sa personnalité : sa sensibilité saine, son bon sens averti, narquois ; son esprit large, curieux de tout, au tour volontiers philosophique, son ironie sans lourdeur comme sans méchanceté ; sa foi inébranlable, guide et soutien de son énergie, sa