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LUMIÈRE DU NORD

ment, revivifiant, au delà des arts libéraux, la décoration, le meuble, la ferronnerie, la céramique, la reliure, le métier, tout notre passé d’art.

L’école primaire enseigne le dessin, du moins le règlement scolaire le veut ; mais je ne sais pas jusqu’à quel point on pratique dans la province cet excellent moyen d’aiguiser l’observation. À Montréal, on exige que les professeurs de dessin possèdent le diplôme des Beaux-Arts : ce rattachement finira par aviver le goût du public, car le dessin comporte une leçon de beauté, de grâce, de force et de caractère, pourvu que, sachant le dépasser, on se prête à son rayonnement. À Genève, j’ai visité une école supérieure, fort agréable de lignes dans sa lourdeur, et j’ai été ému de voir les corridors ornés de gravures choisies avec intelligence. Je tiens du directeur que l’école les achète à l’aide de cotisations recueillies parmi les élèves. On souhaite, en écoutant cela, un peu plus d’élégance ou moins de naïveté dans le décor intérieur de nos institutions.

Puis-je oublier le mérite de l’effort individuel ? Les hommes de ma génération entendent encore la longue prédication dans le désert de celui que nous appelions le « précurseur », et qui en porte d’ailleurs le nom, Jean-Baptiste Lagacé. René du Roure, quand il était professeur à l’Université Laval de Montréal, disait plaisamment, en promenant sa toge dans le silence du corridor central : « Je suis la Faculté des lettres » ! Des années, Jean-Baptiste Lagacé a personnifié, dans une Faculté des arts qui, selon le type ancien, s’occupait de omni re scabili,