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LUMIÈRE DU NORD

duit que de désastreux. S’il y a des exceptions, elles confirment que l’on ferait beaucoup mieux en y prenant garde. Il est remarquable d’ailleurs que les exceptions à la règle de la médiocrité courante mettent en œuvre la tradition que nous tenons de la France. On reconnaît aussi des monuments publics qui ne manquent pas de cachet, pour la raison suffisante qu’ils ont été confiés à des architectes, — ce qui, pour la maison bourgeoise, n’arrive pas souvent — ; et que, dans cette sphère plus libre, ceux-ci n’ont pas toujours été gênés par des soucis d’ordre financier ou par les exigences, parfois prétentieuses, du « maître », comme on continue d’appeler le propriétaire. Mais les monuments publics, quel que soit leur mérite, ne feront jamais la liaison entre des rues désordonnées, de même qu’ils resteront disparates, parce qu’ils représentent, jusqu’à les copier servilement, tous les styles, et qu’ils ont été construits pour une clientèle, fût-elle collective, longtemps rebelle à l’art et préoccupée de satisfaire une curieuse volonté de puissance.




Nous avons réagi, d’instinct ; et tout n’est pas perdu quand on sent battre un mouvement de défense. L’art vit, s’affermit, proteste. Il progresse même puisqu’il fait appel à l’école. L’État s’en est mêlé, non sans mérite car l’opinion publique ne le poussait guère de ce côté. Grâce à lui, on enseigne toutes les disciplines de l’art. Nous avons mis du temps à rattacher ce fil d’or.