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IN HYMNIS ET CANTICIS

Marie-Victorin, le spectacle qui les captiva un instant sans qu’ils y aient mis toujours la même curiosité. Désormais l’amour du pays a trouvé sa raison. Il naît de la connaissance qui se transforme en patriotisme. Tout s’éclaire. Quiconque a acquis ce sens du réel le garde. Je ne suis pas l’ennemi de la manifestation nationale qui, le vingt-quatre juin, promène sous les yeux de la foule notre gloire française, surtout depuis qu’on y fait passer un reflet d’art. Tout au plus y vois-je avec regret des gestes politiques et de la réclame. Mais ces allégories, c’est encore du manuel, du manuel illustré, ou des illustrations du manuel ; tandis que la leçon de la nature et du travail de l’homme, apprise et méditée sur place, chaque jour, chaque heure, s’infiltre dans l’âme et provoque une sympathie agissante, anime l’intelligence.

Cette manière d’enseigner la nation sous la forme d’une « géographie cordiale », suivant le mot de Georges Duhamel, a pour nous une importance capitale si l’on veut bien s’élever jusqu’à la philosophie de notre destinée. André Siegfried me disait combien il avait été frappé par « l’unité de l’Amérique », des deux Amériques. Le sud et le nord superposés, repliés l’un contre l’autre sur la charnière de l’Amérique centrale, se ressemblent étrangement : montagnes, plaines et glaces polaires. Le facteur géographique est donc le même. Rien de l’Europe. Le rayonnement, la pénétration d’un groupe plus fort que les autres, y joue sans difficulté. Les adaptations se font sournoisement, à la faveur du territoire.

Ainsi l’influence des États-Unis s’exerce sans