Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/57

Cette page a été validée par deux contributeurs.
57
IN HYMNIS ET CANTICIS

lippe à Sion-Vaudémont, à Domrémy, à Lourdes. Il dégage, des traits du pays contemplé de quelque promontoire, une pensée en marche depuis le passé païen qui vient battre comme un flot d’histoire les roches où l’enfant se tient immobile, les yeux ouverts aux images qui l’assaillent, comme un souffle en pleine figure.

Combien nous gagnerions à placer à portée de notre main, pour les moments de doute, ce vade mecum d’un petit Français en quête d’une formation qui monte de sa terre. Peut-être nous inspirerait-il des pèlerinages sur notre propre sol, ou de simples courses vers des endroits plus chers à force d’être mieux connus, mieux interprétés, et dont nous ferions les Amitiés canadiennes. Nos étendues que menace l’ennui de l’uniformité, s’animeraient de régionalisme ; elles deviendraient le cœur de traditions plus intimes. Des centres se précisaient jadis : Montréal, Arthabaska, Saint-Hyacinthe, Saint-Jean. Autour d’un tribunal auprès duquel un juge consentait à résider, une aimable société prenait conscience de sa distinction, aimait la petite patrie dont des poètes disaient les beautés.

Le mot pèlerinage, au Canada français, évoque tout de suite Québec, notre lieu d’élection, Sainte-Anne de Beaupré, qui est comme la croix d’un long chapelet de villages anciens, et Carillon, aujourd’hui trop oublié d’un peuple qui s’attarde à la stérile amertume de ses défaites. Quel beau livre à faire sur ces trois noms ! Mais suivons Marie-Victorin sur l’un des Montérégiens, le mont Saint-Hilaire, ainsi