Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/53

Cette page a été validée par deux contributeurs.
53
IN HYMNIS ET CANTICIS

Que prêche-t-il de ce lieu d’élection sinon l’observation, source de précision et d’énergie ? En manquons-nous assez ! Un pédagogue, parlant devant des pédagogues, disait avec sérénité : « On nous demande d’observer ; mais enfin, Messieurs, qui donc observe tant que cela ? » Ce propos authentique, tenu sans l’ombre d’un sarcasme, marque la limite où nous a menés le manuel, le point de bifurcation vers l’espace irréel où s’accomplit notre destinée.

Nous ne nous plions aux hommes ni aux choses. L’influence absorbante du milieu, la psychologie des groupes ethniques qui nous pénètrent, ne nous intéressent pas. Une apathie généralisée livre la nation aux influences étrangères. Celle-ci ne s’appuie plus sur sa terre ni sur ses morts, elle ne saisit plus dans les événements le fil de ses jours, faute d’un retour sur elle-même qu’elle devra pourtant effectuer si elle ne veut pas que s’effondre une résistance qui tient de moins en moins à l’esprit.

L’absence d’observation apparaît dans la pauvreté de nos réactions devant la nature. « Quelle belle lune ! Le beau lac ! Les jolies fleurs ! Le bel oiseau ! » Allons-nous au-delà ? L’élan de notre cœur se borne à ces abstractions qui manifestent universellement notre ignorance des sons, des couleurs, des reliefs, et de leur enivrante harmonie.

Je n’en ai pas au manuel en soi, qui est indispensable ; mais sa fonction est de nous donner des notions fondamentales qui ne soient pas des platitudes. Il doit fuir l’insipidité et trouver dans l’illustration et la disposition des matières un correctif à