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LE FRONT CONTRE LA VITRE

zon d’un blanc presque livide, et met sur toutes ces choses qu’il révèle une inexprimable joie. Ma figure, parmi tant de visages britanniques, froidement sensibles, ne bronche pas. Mais je hurle intérieurement, d’aise et de satisfaction. Et je descends l’écrire mal, ne fût-ce que pour garder le souvenir d’un incomparable éblouissement.

Sur le Saguenay, un coucher de soleil. Les montagnes sont pourpres sur le fleuve pâle : elles s’incrustent lentement dans le ciel jusqu’à se confondre avec la nuit.

À Québec, nos yeux encore européens reconnaissent tout de suite une parenté. Formons des vœux pour que le conseil municipal et le gouvernement de la province la protègent et la gardent.

La campagne est amortie par un reste d’hiver. Mais pourquoi tant de maisons grises et tant d’ormes ? Et puis, au Canada français, pourquoi chacun possède-t-il sa clôture, son poteau de télégraphe et son escalier extérieur ?

Le port de Montréal nous étonne. Quel progrès ! J’ai l’impression qu’il grandit devant nous, au moment même où nous passons. Cette vitalité à laquelle j’ai ramené toutes mes démonstrations pendant mon séjour en Europe, qui m’a servi d’argument contre toutes nos défaillances, est pour moi une confirmation.

Nous nommons intérieurement les édifices que dresse la ville familière. Je soupçonne le Cercle universitaire, d’où je suis parti il y a quatre mois et où je reviendrai porter le faible écho d’un ravissant voyage.