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AU PAYS DE LA DÉCOUVERTE

d’une découverte, victoire morale, geste de civilisation que l’on se partage sans qu’il en coûte à celui qui l’a posé. Mais même d’une défaite, nous le verrons, l’esprit enrichi ou calmé par les siècles eût triomphé en souriant.

Le spectacle était pour nous plus profond. Il passe dans notre esprit tant de choses auxquelles nous rêvons sans toujours y croire : la valeur de notre survivance ; notre fidélité française acceptée comme une richesse pour notre pays et une sauvegarde pour l’Angleterre ; l’espoir que notre attitude, où se poursuit l’expérience encore douloureuse de l’entente cordiale, serve de lien entre la France et la Grande-Bretagne. Les paroles que nous adressait le recteur d’Oxford, l’honorable H.-A.-L. Fisher, qui assumait avec l’amiral sir Roger Keyes la périlleuse mission de représenter l’Angleterre dans un Dominion au tiers français, apportaient à nos pensées la sanction d’un témoignage.

De belle allure, souriant, très intellectuel pour un Anglais, avec une nuance de galanterie qui achève de l’apparenter, M. Fisher s’est exprimé en français, comme naguère le Prince de Galles. Il a bien, à titre d’aîné, glissé jusqu’aux conseils ; mais qui lui en voudrait de s’être montré humain ? Surtout si l’on considère qu’il a formulé, dans sa plénitude, la seule théorie impériale qui tienne à nos yeux : celle de la diversité.

— Vous êtes les héritiers d’une civilisation « qui a sauvé le monde » ; vous avez reçu, dès le berceau, une langue merveilleuse qui s’épanouit dans une lit-