Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/241

Cette page a été validée par deux contributeurs.
241
AU PAYS DE LA DÉCOUVERTE

d’accord les nuances de notre patriotisme. L’Empire sera de toutes les cérémonies, dans une attitude que je dirai quelque jour. L’amiral anglais trouve une formule élégante : il salue Cartier, découvreur d’un Dominion. Le délégué américain, en parlant français, provoque un crépitement. L’Église et l’État unissent leur sagesse. Enseignements connus, qui offrent l’intérêt de leur renouvellement devant quatre siècles d’histoire ; mais nous attendions surtout les mots venus tout exprès de France.

M. Flandin a parlé comme un prince de la République. Sa stature, la netteté de son accent, sa vision, son détachement, ont conquis le Canada français.

Il renoue notre tradition à Jacques Cartier par « l’instinct de la découverte et le goût des forces de la nature ». Heureuse trouvaille : pendant près de cent ans la scène où parut le Malouin est restée vide, et il est difficile de chercher ailleurs que dans l’inspiration de la découverte le lien qui nous rattache à la France, à moins que ce ne soit le Saint-Laurent même, « cette artère par où le Canada a reçu le sang de la race blanche ».

M. Flandin exalte, devant les représentants de la Grande-Bretagne et des États-Unis, « le réconfort de la conciliation humaine » résultat de notre attachement à nos origines et de notre loyauté, française aussi, à la Couronne britannique. Surtout, il reconnaît notre effort ; et il le sanctionne de son autorité. Cela vaut mieux que les attestations de fraternité où se complaît la rhétorique, oublieuse des seules réalités qui apparentent, la souffrance et la volonté :