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LE FRONT CONTRE LA VITRE

là qu’il fit voir à Roberval « les faux diamants du Canada ».

Depuis l’Île Saint-Jean, devenue l’Île du Prince-Édouard, nous participons à la grande aventure, dans le sillage du découvreur ; et jusqu’à Québec, jusqu’à Montréal, nous ne l’abandonnerons plus.

Jacques Cartier a contourné l’extrémité nord de l’Île Saint-Jean. Il en dit beaucoup de bien n’ayant guère contemplé, avant d’y atteindre, que les caps dénudés de la « terre que Dieu réserva à Caïn », ou des rochers peuplés d’oiseaux.

« Toutes ycelle terre, écrit-il, est basse et unye, la plus belle qu’i soict possible de voir, et plaine de beaulx arbres et prairies ». Magie des vastes horizons ! Cartier a déjà le complexe américain : le fleuve est le plus grand que l’on ait vu ; les oiseaux sont si nombreux qu’un navire en chargerait sans qu’il y parût ; la terre surtout est toujours « la plus belle qui soit » — expression qui marque une admiration naïve ou voulue, et dont l’orthographe seule varie au cours du « Brief récit et narration ».

L’Indien, dans sa langue imagée, appelait l’Île Saint-Jean « le berceau sur les flots ». Un rebord de grès rouge ; une généreuse végétation. Nous n’y pénétrons pas. Quelques heures seulement dans une petite capitale au nom de femme : Charlottetown. Le temps de jeter un coup d’œil sur la table autour de laquelle fut discutée, en 1864, l’idée de la Confédération des provinces canadiennes.

L’éloquence officielle nous dira sans doute les richesses de l’Île : agriculture, pêcheries, renardières ;