Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/22

Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
LE FRONT CONTRE LA VITRE

les recouvertes de cuir. Il faut jeter de haut les francs dans sa casquette. Cela mêle à la pitié une sorte de jeu : si la pièce jaunit le fond, nous avons gagné tous deux. Étampes, après la large plaine qui nous rappelle la terre canadienne et, à moi-même, mon pèlerinage au pays de Louis Veuillot. Paris, par la porte d’Orléans, auprès de la Maison des étudiants canadiens. Puis l’hôtel, prison anonyme.




Brouage. Étudiant, je passais mes vacances à Châtelaillon, près de la ville engloutie. J’allais souvent à La Rochelle. Je fus un jour à Rochefort où m’attirait le souvenir de Pierre Loti. Il me reste peu de cette course, sinon le goût de mille-feuilles débordants, comme jamais depuis je n’en ai mangés. J’aurais voulu me diriger vers Brouage, la ville natale de Champlain. Le cocher me demanda vingt francs. En ce temps-là, vingt francs, c’était de l’or, et, pour un étudiant, c’était beaucoup. Je dus renoncer au pèlerinage. Dans un grenier, qu’on est mal à vingt francs près.

Par Orléans, Tours, Saint-Maixent et Niort, je viens cette fois, dans l’auto de l’amitié, au château de Telouse, chez les Riedlinger. Construit vers 1860, blanc depuis la grille, élégant et français, le château, grâce à l’affabilité de ses hôtes, nous donne l’illusion de le posséder. Nous discutons des promenades à faire dans les environs. Nous voyons le Marais poitevin, une curiosité qu’André Siegfried m’a-