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AU PAYS DE LA DÉCOUVERTE

s’appuient au granit où miroitent des siècles, et chantent le Panis Angelicus.

Avant de quitter Saint-Malo, les Canadiens reviennent à la statue du découvreur, dressée face à la mer. Ils sont seuls, sous l’admirable symphonie des toits de la ville-corsaire. Aux fenêtres, deux ou trois femmes et, sur la place, quelques enfants qui s’arrêtent de jouer pour regarder, avec la curiosité sérieuse des gosses, ce qui va se passer. De leur randonnée au pays de Jacques Cartier, sur la côte d’Émeraude, les Canadiens ont rapporté le monceau de fleurs des champs qu’on leur a offertes. Ces fleurs, ils en font hommage au Malouin, sans parler, pieusement, comme des pèlerins au terme de leur voyage. Nul discours ne vaudra jamais ce geste ni cette minute, que rien n’avait prévue sinon le mouvement du cœur. Comment définir la prière humaine qui montait vers le bronze comme l’offrande muette d’un peuple ?

Le repos nous attendait à Dinard, confortablement allongée sur les bords de la Rance. Une « prolonge » de Saint-Malo, d’où la ville ancienne semble une châsse. Même habitude exquise de l’hospitalité. Nous y voyons flotter des couleurs que nous avons coutume d’unir, celles de la France et celles de l’Angleterre, les mêmes somme toute, disposées autrement. Le souvenir charmant ! On nous a vanté les plages de France, on nous a dit leur évolution : elles naissent, grandissent, rayonnent un moment, et s’éclipsent lorsque d’autres ont, à leur tour, retenu l’engouement. Dinard demeure, dans sa so-