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ALLER ET RETOUR

que dans certaines naïvetés. Ne sommes-nous pas issus de la France de l’ouest ? Dans une salle de la Faculté des lettres, un Samuel de Champlain est en bonne place, à hauteur d’homme. Le recteur me l’indique, sans un mot. Rapidement, l’harmonie se fait dans un même regard. Vraiment, nos origines sont en province. Paris, pour nous, n’est que la capitale.

Visite de la ville, le lendemain. Elle accentue notre regret de partir. Je retiens surtout les églises romanes, que le docteur Colby m’avait signalées. Je les ajoute à celles que m’offrit naguère la Normandie.

Je reprends le chemin de Paris, serrant précieusement une poupée poitevine. Je vois des ancêtres dans tous les champs. Il y a des Maupetit à Chauvigny ; il y en eut un à Poitiers, directeur d’école. Je fus peut-être ici, près de cette route. Je ne fais que me retrouver. Mais pourquoi l’aïeul décida-t-il un jour de partir pour le Canada ?

Blois, et ses toits altiers. Déjeuner au restaurant François 1er , mi-pâtisserie. Le château, après celui d’Amboise et de Chaumont, campés sur la Loire ensablée. Orléans. Je retourne vers la cathédrale, aux clochers en couronnes. Élancée, comme la prière gothique, et grise sous le vitrail. Au fond, gardée par deux lions d’or, une statue de sainte Jeanne d’Arc, en marbre blanc. Le trône épiscopal, la chaire, me rappellent Mgr Touchet. À gauche de la sortie, une loque humaine aux pauvres yeux désorbités, un cul-de-jatte sur des rondel-