Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/205

Cette page a été validée par deux contributeurs.
205
À LA MAISON DE L’ANCÊTRE

destinée commune, d’être apprécié ailleurs, d’avoir à son acquis des travaux remarquables et de vivre modeste, trop peu connu, parmi les siens. J’ai revu la vieille maison des Gérin-Lajoie où une famille canadienne vécut des jours silencieux dans la paix des traditions, et j’y ai évoqué une lignée d’intellectuels dont l’œuvre fut féconde. « Plus d’honneur que d’honneurs », écrivait Gérin-Lajoie sur l’écusson de sa vie. Le passé a suffisamment justifié cette devise pour que l’avenir n’y souscrive plus et la modifie en y apportant sa consécration suprême. Gérin-Lajoie, comme Cartier, survit dans une chanson et le peuple qu’il a servi recueille les échos de sa pensée. Il n’a pas subi le destin de la foule anonyme de ses contemporains, plus favorisés de la fortune, celui de mourir tout à fait. L’avocat d’autrefois, pauvre et digne, n’est pas monté sur le banc ; mais il est descendu aux Champs-Élysées.