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À LA MAISON DE L’ANCÊTRE

toire de notre colonisation. Mais l’économiste refuse à ces choses le nom de richesse aussi longtemps que le travail humain ne les a pas fécondées. Vérité élémentaire, trop souvent oubliée ! « Arrêtons-nous un instant devant cette merveilleuse puissance du travail, s’écrie Gérin-Lajoie. Qu’avons-nous vu ? Un jeune homme doué, il est vrai, des plus belles qualités du cœur, du corps et de l’esprit, mais dépourvu de toute autre ressource, seul, abandonné pour ainsi dire dans le monde, ne pouvant par lui-même rien produire ni pour sa propre subsistance ni pour celle d’autrui… Nous l’avons vu se frappant le front pour en faire jaillir une bonne pensée, quand Dieu, touché de son courage, lui dit : vois cette terre que j’ai créée ; elle renferme dans son sein des trésors ignorés ; fais disparaître ces arbres qui en couvrent la surface ; je te prêterai mon feu pour les réduire en cendres, mon soleil pour réchauffer le sol et le féconder, mon eau pour l’arroser, mon air pour faire circuler la vie dans les tiges de la semence… Le jeune homme obéit à cette voix et d’abondantes moissons deviennent aussitôt la récompense de ses labeurs ». Sans le travail tout se perd et rien ne se crée ; le travail constant, ordonné, volontaire, est le seul ferment de toutes les richesses. C’est lui qui abat la forêt, coupe et brûle les arbres, offre la terre au soleil, réunit la maison, sème les blés, entaille les érables, ramasse les moissons ; c’est lui qui fait vivre. La moitié de nos pauvretés relatives s’expliquent par l’oisiveté et l’ignorance satisfaite, par l’horreur du sacrifice et la peur d’agir.

Le travail s’épanouit dans l’épargne. « Je suis