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LE FRONT CONTRE LA VITRE

lisme ramène les peuples au berceau de leur vie, serait-il assez illogique de briser avec les racines de notre parler et avec le foyer de notre civilisation ? »

Il ne s’agit pas davantage qu’une étendue excessive soit réservée au domaine scientifique : on lui ferait même une part plus modeste que celle qui revient, de tradition, aux pures humanités : au français, en particulier, qui paraît sacrifié. Mais on verrait avec satisfaction que les sciences d’observation fussent étudiées de plus près, et, d’une façon générale, que l’enseignement scientifique fût distribué tout le long du cours dont il suffirait, somme toute, de modifier l’ordonnance. Cela permettrait de laisser pénétrer, jusque dans les classes de philosophie, le souci de l’élégance et de la forme, mais singulièrement mesurées toutes deux. Et si l’on tient encore absolument à demander aux élèves de faire l’éloge de Christophe Colomb, d’écrire au nom du Pape au général de la Moricière pour l’engager à se mettre à la tête des armées pontificales, ou de prendre la défense de Thomas Morus devant ses juges, ce sera, du moins on se plaît à le penser, en plus ferme connaissance de cause.

La formation scientifique, reçue à petites doses dès le bas âge, offrirait des avantages qui paraissent incontestables. Être livré, six années durant, à la littérature que tempère vaguement la monotonie des chiffres, cela fait contracter des habitudes ou naître des préférences. On ne voit plus la science que sous un aspect rébarbatif et l’on s’engoue pour les beautés de l’éloquence à laquelle nous avons naturellement