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LE FRONT CONTRE LA VITRE

est de style flamand, brique et pierre que le temps patinera. L’arrière, réservé aux Sciences, a le caractère trop prononcé d’une usine. Louvain rebâtit sa bibliothèque avec, aussi, des rappels de l’architecture locale : superbe monument qui sera réservé à la documentation internationale. Je donne mon cours rue des Sols, dans un très ancien immeuble, sombre et froid, mais qui ne m’étonne pas parce que j’ai l’habitude de ces décors trop vieux que l’on va bientôt quitter. L’auditoire paraît s’intéresser surtout au progrès économique et politique de notre pays, moins à ses luttes d’ordre national. Grâce à M. Langlois, j’ai le plaisir d’entendre Léon Daudet. Il parle dans un théâtre, sur Victor Hugo. Trois coups précèdent son entrée. Une verve étonnante, avec une inépuisable réserve de coups de boutoir.

Je reviens en France. La période bouleversée qui suivit la guerre s’achève. Je trouve le Français ardemment au travail. Si Paris est livré aux étrangers, son fonds français, refoulé souvent vers la banlieue, est sérieux et posé. Plus de crispation. Une volonté très nette de rétablissement.

Je ne touche guère qu’à la vie extérieure, retenant quelques formules pour nous : le théâtre de petite dimension, art nouveau ; le restaurant-boîte, orné de mille choses agréables. Que ne tentons-nous cela ? Je vais vers la province, accomplir comme d’habitude, des sortes de pèlerinages, ainsi que je fis naguère pour le pays de Barrès, pour le Mont-Saint-Michel et Saint-Malo, pour l’Alsace-Lorraine. Je roule aujourd’hui vers Poitiers et Brouage.