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LE GRAND SILENCE BLANC

lité. Ils nous ont gardé notre caractère, au prix de bien des sacrifices, et nous leur devons, pour une large part, notre survivance, s’ils ont préservé, au milieu des attaques et des embûches, la tradition qui nous apparente, la civilisation qui nous pare.

Les Oblats sont de trop merveilleux missionnaires pour ne l’avoir pas compris et pour n’avoir pas réalisé une œuvre qui achève de les assimiler à leurs illustres devanciers.

Dans le Nord même, où ils n’ont avancé qu’avec le courage surhumain de la foi, ils ont, au sein des missions, bâti l’école. Ils ont recommencé — comme ils sont bien de la lignée ! — à instruire les sauvages, ils ont tenté de fixer, ne fût-ce qu’un moment, l’esprit des enfants des bois sur les lois de contrainte et de respect que la liberté n’enseigne pas. Il y a maintenant, dans l’Athabaska et le Mackenzie, des orphelinats, des écoles, des pensionnats que dirigent les Sœurs grises et les Sœurs de la Providence, des religieuses de chez nous. L’histoire recommence, les mêmes forces revivent, le même progrès s’accomplit dans une admirable ténacité.

Mais quittons les étendues de l’Ouest où nous aurions tort de confiner la débordante activité des Oblats de Marie Immaculée. Leur costume, leur apostolat, nous sont trop familiers pour ne pas nous rappeler que ces hommes sont là, près de nous, dans nos paroisses de l’Est, dans nos chaires, dans nos institutions ; et qu’ils ont découvert, même en nos pays plus anciens, des âmes à évangéliser, qui vivent encore au milieu des forêts. Ils viennent d’abord à