en plein Paris l’Épopée blanche, qu’il ajoute à son Grand silence blanc. Il a salué l’évêque « casqué de castor », il descend vers la cité de Grouard « qui sommeille », il touche la dernière auberge, le voilà parti. Et devant les « boqueteaux de sapins et les maigres saules », son esprit encore chaud du souvenir, revoit les hommes qu’il laisse dans l’immensité pâle, loin du monde et près de Dieu :
« Courage ! Ceux que je viens de quitter sont des porteurs d’espérance, les magnifiques serviteurs, les Oblats d’une cause sainte, sublimée par le renoncement, l’abnégation et la souffrance.
« Ils ont des paroles pour apaiser, pour instruire, pour consoler. Ils ont des mots pour toutes les défaillances ; ils endorment la douleur, fille de la solitude et mère des orages de la passion.
« Tout ce qui souffre, tout ce qui chancelle, tout ce qui est irrésolu, vient vers eux et la guérison, l’apaisement, la volonté se lèvent à l’appel de leur voix.
« À quel prix achètent-ils la conversion des âmes ? Depuis des mois, des années, ils se consacrent « à l’œuvre manque-de-tout », usant leur vie dans une lutte quotidienne contre le froid, la solitude, la faim, hydre tricéphale de cette terre nordique où ils ont fixé volontairement leur destin.
« Je ne raconte pas leur histoire, mais devant le mirage de la nuit polaire qui se déroule à mes yeux, j’évoque l’épopée blanche dont ils ont écrit tous les chants, des bords du Saint-Laurent jusqu’aux extrêmes limites du monde.