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LE FRONT CONTRE LA VITRE

fertilisés, d’opulentes colonies, si les richesses des montagnes et des forêts se dévoilent, si les pêcheries des grands lacs sont exploitées, c’est aux missionnaires qu’on le doit. Ils ont révélé le nord et l’ouest du Canada au Canada lui-même qui les ignora jusqu’en 1867. Les premiers défricheurs, les pionniers véritables furent Mgr Provencher, Mgr Taché, Mgr Grandin, Mgr Faraud, Mgr Clut, Mgr Grouard, M. Thibault, M. Bourassa, les Pères Vègreville, Tissot, Maisonneuve, Leduc, Husson, Mérer, Lacombe surtout, dont un orateur canadien qualifia si justement la carrière en disant « qu’il avait ouvert des chemins pour aller plus loin, élevé des autels pour monter plus haut ».

Les voilà, et d’autres encore : Mgr Langevin, Mgr Legal, Mgr Pascal, Mgr Charlebois, Mgr Joussard, Mgr Breynat. Plusieurs de ces figures se sont gravées dans mes souvenirs d’enfance, alors que, au Petit Séminaire de Montréal, nous regardions la tête blanche, si finement énergique, du Père Lacombe, et les évêques colonisateurs aux longues barbes, aux traits marqués, à la parole légèrement saccadée, mais d’une singulière persuasion, tous « évêques de peine ». Mais nous savions mal ce qu’ils avaient fait. Le savons-nous, même aujourd’hui ? Nul n’est prophète en son pays et, au risque de m’alourdir encore de citations, je veux interroger la pensée des voyageurs français sur ce qui s’est passé ici même, au milieu de nous, et que nous ignorons parce que nous laissons cela avec un indifférent dédain aux lecteurs des Annales de la propagation de la foi.

En 1922, Gabriel-Louis Jaray et Louis Hourticq