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ALLER ET RETOUR

les attendais. Je les regarde sans curiosité. Phare ou casino ? J’ai tout quitté en automate : vers la gare, la chambre d’hôtel, la cabine, la mer. Je m’éveille à l’Europe. C’est demain.




Les premiers jours en France sont de repos et de travail tout à la fois. Et je pars pour la Belgique où je retrouve l’accueil inoubliable d’un homme d’une vive intelligence, profondément attaché à sa province et aux siens, M. Godfroy Langlois dont j’ai connu les dernières préoccupations et qui est mort en travaillant encore pour nous. La campagne belge, que prolongent les plaines basses de la Hollande, est propre comme une table dressée. Mon séjour en Belgique n’est que bonheur. J’ai la joie d’y demeurer. Je vis la vie du Belge. Il nous ressemble. Bon peuple, actif, simple, près de ses plaisirs, et qui s’inquiète de ceux des autres jusqu’à leur demander : « Avez-vous trouvé votre satisfaction ? »

Il est fidèle, comme nous, à la culture française. Il s’emploie dans un milieu divers à garder des traits qui l’apparentent. Il s’est beaucoup moins livré aux influences américaines : moins d’appartements nouveau genre, moins d’ampoules électriques, moins d’excentricités. Il est sérieux et courtois ; gouailleur envers les siens, sans moquerie pour l’étranger. Il est par là voisin du provincial français. Pratique aussi, et convaincu de l’excellence de l’école. L’Université de Bruxelles se renouvelle. Elle a construit sur un terrain que lui céda la ville des bâtisses que je visite longuement. Le corps central