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LE GRAND SILENCE BLANC

ce ». Ils lient dans ce geste les deux idées qui ont rendu possible la colonisation de ce pays : l’idée de mission et l’idée de moisson. Les marchands ne se souciaient que du commerce, ils s’opposaient à la mise en valeur des terres, à l’évangélisation qui leur eût ravi les indigènes, voire à l’enseignement des langues sauvages. Le progrès eût suscité d’inutiles concurrences dont ils n’avaient cure. À l’exemple des prêtres, les colons venus du Perche et de la Normandie se mettront à l’œuvre, ils formeront autour de Québec le foyer d’où ils essaimeront vers l’ouest et le sud, peuplant de villages le Saint-Laurent qui les unira de ses flots. L’avenir est assuré.

Au-delà des limites où se blottit la société primitive, les missionnaires poursuivent la stabilisation des forces productrices. Un moment ils pensent fixer les nomades, Algonquins et Montagnais, et peupler l’Amérique de ceux qui n’ont fait jusque-là que la parcourir dans l’élan de toutes les libertés. Au cœur des missions qu’ils fondent, ils placent leur résidence, centre de rayonnement qui grandira plus tard, longtemps après qu’ils l’auront quitté, jusqu’à devenir peut-être une de nos orgueilleuses cités.




Quelle race a produit de tels hommes ? La nôtre ; et elle n’en a pas perdu le secret. Après les missionnaires du passé, les Oblats sont partis à leur tour. Appelés par Mgr Bourget, sollicités par Mgr Provencher, ils se sont enfoncés dans le steppe, à la suite de La Vérendrye, puis plus loin jusque dans le nord