Page:Montpetit -Le Front contre la vitre, 1936.djvu/156

Cette page a été validée par deux contributeurs.
156
LE FRONT CONTRE LA VITRE

taque. Nous avons ce que Henri Simon appelle, en parlant de l’unité française, une certaine « solidarité physique et instinctive », pour avoir vécu côte à côte des heures angoissantes et accompli les mêmes gestes de défense ; solidarité qui se ressaisit à l’occasion, mais de façon naïve ou malhabile, parce qu’elle n’obéit plus qu’à la chair ou à l’indéracinable sentiment, vieux comme nous-mêmes, qui la porte à s’affermir devant l’envahisseur. Elle se réfugie aussi, assez curieusement, dans les partis politiques : elle y utilise ou y subit tous les moyens de coercition propres à faire triompher la cause, au point que notre société, par un retour inévitable, en est davantage divisée. Le droit nous garde aussi dans le chemin de l’ordre, et c’est une raison de le préserver. Il régit la personne, la famille, la propriété, l’institution, la vie commune dans ce qu’elle a de plus intime. Je me garderai bien d’oublier le climat spirituel où nous baignons et qui est un élément puissant de cohésion. Mais l’on s’inquiète, dans les revues d’opinion ou dans la chaire de vérité, de savoir s’il est resté assez fort pour que nos volontés s’y régénèrent. Le facteur religieux — religare, me disait un jour M. de Molinari, ce libéral impénitent — suffit à nous diriger vers le bien général, s’il pénètre notre âme, si nous ne nous contentons pas de lui réserver une moindre part de nos préoccupations ; affaibli pourtant, réduit à la pratique extérieure, il perd son rayonnement et recule peu à peu devant les envahissements du matérialisme ou, plus simplement, des mœurs et de la mode. D’ailleurs, la personne humaine a besoin, pour remplir sa fin et