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LE FRONT CONTRE LA VITRE

que. » C’est bien vu, mais déplorablement dit. Le premier terme de cette épigramme n’est pas seulement discourtois : il est absurde… Le deuxième terme est déjà meilleur, le match est peut-être un des phénomènes sociaux les plus révélateurs du caractère anglais. Quant au troisième, il est admirable et ne pêche que par sa modestie. Contrairement à ce que semble croire l’auteur de l’épigramme, il n’est nullement nécessaire de réunir trois Anglais pour faire l’Empire britannique : un seul suffit. »

L’Anglais détient « le génie de l’organisation spontanée ». On le constate en Angleterre par l’épanouissement des institutions municipales ; mais, même transplanté, en Amérique par exemple, le type assure aussitôt avec rigueur la gestion des intérêts communs, dût-il un jour en faire jaillir l’indépendance à l’égard de la mère-patrie. Un instinct de ruche. L’Anglais, fût-il seul, porte donc en lui le germe d’un empire. Il bâtit à coup sûr, grâce à un élan vital vers la collaboration, source de rendement positif. Reprenons le match de football qui nous est familier. Chaque joueur, déjà dressé par le self-control, veut être une unité qui compte, en concourant au succès de l’équipe. Il surveille ses mouvements, il sait les « combiner », comme nous disons, alors que le Français, plus brillant, s’abandonne à un jeu individuel. Voilà le fameux teamwork, le travail d’équipe : collaboration constructive. Puis l’Anglais s’oppose de toute son énergie au camp adverse pour que la partie reste à ses camarades, mais aussi pour qu’elle soit réussie, qu’elle vaille la peine d’être vue et, perdue ou non, soit une belle