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ANGLAIS — FRANÇAIS

des traditions, la langue anglaise pour qu’il subisse l’expression propre à son groupe ; et les sciences qu’il faut posséder pour réussir. Formation rudimentaire à nos yeux de Français, qui tenons à la culture générale au point de lui sacrifier le succès. Qu’on ne me fasse pas dire, surtout, que je blâme notre attitude ! Je constate seulement que le temps que nous consacrons aux humanités, c’est-à-dire à l’intelligence, l’Anglais, notre compétiteur, le donne aux études spécialisées, c’est-à-dire à la volonté. Cela doit être. N’y aurait-il pas lieu cependant de tenter une adaptation des deux formules en dirigeant la culture générale, qui nous est nécessaire comme le pain quotidien, vers le caractère et l’action plutôt que de la laisser planer sur les ruines d’Athènes ou sur le forum romain, aujourd’hui dégagé d’ailleurs comme un signe de renaissance ? Dans ce passé d’une gloire virile, que cherchons-nous ? Une raison de mourir ou d’espérer ? « Nous n’avons pas d’argent, me disait un ami dans un moment de mélancolie, pas de belles maisons, de parcs riants, de firmes puissantes, mais nous sommes ben fins. » Piètre consolation ! Si encore elle nous apportait le baume de la vérité !

L’Anglais, « résolu jusqu’à la domination, à moins que les faits ne soient contre lui, » assoiffé d’action, et convaincu de sa supériorité comme s’il formait un îlot à part dans le genre humain, ajoute à ses forces innées un sens aigu de la solidarité.

Écoutons Madariaga : « Un mauvais plaisant a dit » : « Un Anglais, un imbécile ; deux Anglais, un match de football ; trois Anglais, l’Empire britanni-