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CLIMAT DE CULTURE

et de sérieux. Si elles sont peu nombreuses, c’est que notre vie économique, notre économie nationale, n’existe pas ou compte si peu. Elle va au petit bonheur. Elle n’est pas dirigée selon des idées générales. Quelques organismes, je le veux bien, s’y intéressent de temps à autre, mais elle ne bénéficie pas d’une pensée commune. Et elle s’étiole, lamentablement ; alors que dans tous les livres que l’on écrit sur nous et de l’aveu des étrangers qui nous observent simplement, elle apparaît comme l’arme indispensable à notre survivance. Il est peut-être plus grave encore que nous ayons négligé les conséquences sociales d’une économie mégalomane, à laquelle nous nous sommes livrés corps et biens, et que nous attendions une inutile révolution pour nous en dégager.

Nous nous plaignons, enfin, de concurrences qui, par parenthèse, ne sont pas toutes israélites. Elles nous font toucher nos faiblesses et nos reculs. Pour les vaincre ou les contenir, on recommande « d’acheter chez les nôtres ». Rien de plus légitime. Disons même que c’est un devoir. Tout le monde doit vivre, et nous d’abord, j’imagine. Mais prenons garde que, en nous transportant ainsi dans les sphères de la sentimentalité, on s’adresse plus au cœur qu’à l’esprit. Nous savons ce que vaut le sentiment devant les passions ; que vaudra-t-il devant l’intérêt si la connaissance ne le guide pas ? Au devoir correspond le droit : le droit du consommateur à ce qu’on a accoutumé d’appeler le « service », et le « service » suppose la connaissance qui conduit à l’organisation, et même à l’éducation de la clientèle.

Par quelque chemin que l’on prenne, que l’on