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CLIMAT DE CULTURE




On dit que nous sommes des individualistes, préoccupés surtout de notre intérêt personnel et fort peu des intérêts communs. C’est la vérité. Je ne blâmerais pas que nous soyons des individualistes, comme les Anglais qui ont le culte de l’énergie personnelle. Je déplore seulement notre manque de sens social et d’esprit public.

Nous avons cependant un goût prononcé pour la politique, objectera-t-on : il n’est pas de période plus enfiévrée que celle où s’agite une campagne électorale. Nous courons les réunions dont nous goûtons parfois jusqu’aux excès ; nous ouvrons la radio aux querelles des candidats. En dehors de ces moments surexcités, nous suivons les discussions des Chambres avec une satisfaction béate ; et nous gardons une singulière admiration aux représentants que nous nous sommes donnés.

Mon Dieu ! Ces mouvements manifestent tout de même un certain sentiment de la chose publique ; mais combien court, le plus souvent, et borné aux faits d’un jour ou à des luttes dont dépend surtout le sort d’un parti. Bref, nous sommes des électoraux, si j’ose dire, et non pas des politiques.

Quand il s’agit d’une poussée d’opinion ; d’un appui à donner à une œuvre, à une initiative ; voire de la simple surveillance de nos intérêts nationaux ; de la sauvegarde de nos vraies traditions, de nos traditions vivantes, et non pas encastrées dans le passé comme dans du béton armé ; ou encore, quand il s’agit d’idées, tout uniment, — nous n’y sommes plus. Quelques personnes agitent le grelot dans