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LE FRONT CONTRE LA VITRE

Vosges, du côté de Retournemer et de Longemer » ?… D’autres répondaient, montrant du doigt la ligne des collines : « Ne jurerait-on pas les premières dentelures de la plaine de Pau ? N’est-ce pas une aussi claire lumière ? » Qui avait raison ? Tout le monde. Nous étions unanimes à retrouver la France.

« Dans un chemin, j’ai vu beaucoup d’enfants. Ils ont levé les yeux, et ils riaient à la vie nouvelle. Et j’ai dit : « Nombreux, mutins, bien allants, ce sont leurs fils. »

« J’ai aperçu, enveloppé d’ormeaux, un clocher fin, tout blanc, d’où partait l’angelus du soir, et j’ai dit : « Puisque mon Dieu est là présent, les Canadiens sont tout autour. »

« Et, en effet, dès que le train se fut arrêté, nous vîmes une grande foule qui nous attendait, et des visages si heureux, et tout à fait de la parenté. On se disait : « Ah ! les braves gens, les gens de chez nous. » Le bruit des acclamations renaissait comme la houle.

« Alors, chacun de nous a senti les larmes lui monter aux yeux, celles qui sont toutes nobles, celles qui effacent peut-être les fautes du passé.

« Et j’ai résolu de saluer ce soir les Canadiens français, qui ont fait pleurer les Français de France. »

Ainsi, d’un paysage, d’un bourg, d’un clocher, d’un sillon, surgissent des images qui se transforment en idées-forces, des plus humbles aux plus fières, et