ALLER ET RETOUR
P RÈS de Saint-Jean, je regarde la neige meuble
et sale où je vois des pas qu’une lanterne accompagne,
glisser. Je regarde, comme le veut
Georges Duhamel, jusqu’à ce que je comprenne,
reconnaissant la petite vie qui se poursuit, quotidienne
comme la lumière qui luit là-bas et sur laquelle
l’existence se referme. Demain je ne verrai
plus de neige.
Les voitures métalliques sont peintes de vert olive, raidies d’une frise au pochoir : une sonorité froide, un toucher glacial, un contact d’usine. Au regard, un mensonge.
New-York, à sept heures du matin. L’arrivée par le chemin de fer suspendu d’où l’on surprend des gestes de réveil. Le train s’engouffre sous la gare. Je suis emporté aussitôt, comme un rouage.
Le service me saisit, dès les quais profonds où les voitures sont encaissées et la courbe de sortie où les taxis déroulent une courroie sans fin.
À l’hôtel, ma fenêtre donne sur l’est. Un soleil rouge, tout rond, sur un fond brouillé de bleu et de