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la lui chante avec une âme, une expression surnaturelles. Des larmes inondent encore ses joues ; mais le comte ne peut plus se méprendre sur leur objet : ce sont les larmes du bonheur. Elles coulent doucement et sans effort, et n’interrompent point ses doux accens. Le comte les écoute avec un ravissement, un transport qui va jusqu’au délire. Chaque mot, chaque vers, portent au fond de son cœur la plus douce des convictions, celle d’être aimé de cette épouse adorée. C’est la voix céleste de Caroline qui lui répète : toi que j’adore : c’est son regard enchanteur qui lui demande : où veux-tu chercher le bonheur ? et qui lui dit en même temps qu’il l’a trouvé.

Quand il seroit resté le moindre doute au comte, ce moment les auroit tous dissipés : mais il n’en avoit point. La naïve et tendre Caroline étoit loin de savoir dissimuler. Elle exprimoit tout ce que son cœur sentoit ; et quand elle auroit voulu se taire, on l’auroit lu dans