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heur ; il est près de succomber sous le poids de tant de félicité, et cependant il croit encore que c’est une illusion, un rêve enchanteur dont il craint le réveil. Il témoigne à Caroline, autant que son saisissement peut le lui permettre, et sa surprise et ses craintes.

Elle tire de sa poche, en rougissant, tous les papiers que lui avoit remis Lindorf : — Tenez, lui dit-elle, lisez ceci, et vous saurez tout… Plus de secrets pour vous ; ils m’ont rendue trop malheureuse… Oui, j’ai aimé Lindorf ; j’ai du moins cru reconnoître quelques rapports entre les sentimens que j’avois pour lui et ceux que j’éprouve à présent… Mais, jugez vous-même de la différence. Quand il me laissa à Rindaw, je pleurai, oui, je pleurai beaucoup ; mais je fus bientôt consolée ; bientôt ce petit portrait me devint plus cher que lui. Aujourd’hui, en recevant l’arrêt cruel qui nous séparoit, je n’ai point pleuré ; non, pas une larme n’est sortie de mes yeux ; mais j’ai cru que