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caroline

viens d’entendre seroit-il possible ? — Ah ! n’en doute pas, n’en doute jamais ; et détachant vivement le ruban qu’elle avoit sur le sein : Tiens, lui dit-elle, le voilà ce portrait que j’aime… Regarde-le bien ; vois, reconnois l’objet qu’il représente ; c’est lui qui possède uniquement mon cœur ; c’est à lui seul que je veux être.

Le comte ne concevant plus rien à ce qu’il entend, jette les yeux sur cette peinture… Grand Dieu ! c’est lui, c’est lui-même, tel du moins qu’il étoit avant son accident ; mais Caroline lui prouve trop qu’elle le voit toujours ainsi, et qu’il n’a pas changé pour elle. Il est vrai qu’il ressembloit tous les jours davantage à son portrait, et qu’il n’eût pas été possible de le méconnoître.

Mais par quelle magie étonnante ce portrait, dont le comte ignoroit même l’existence, se trouvoit-il entre les mains de Caroline, attaché sur son cœur, et l’objet de ses plus tendres caresses ? Il voit, il sent tout son bon-