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d’avoir rempli son devoir devint une consolation. D’ailleurs elle savoit qu’elle étoit adorée, et que celui qui la fuyoit malgré lui, partageoit toute sa douleur ; mais ici tout se réunit pour l’augmenter. C’est son époux qui la fuit ; c’est celui qu’elle osoit aimer, sur qui elle avoit fondé l’espoir du bonheur de sa vie. Il la hait sans doute, puisqu’il a pu l’abandonner d’une manière aussi cruelle. Eh ! dans quel moment, grand Dieu ! Quand je volois dans ses bras ; quand je ne redoutois plus que l’excès de sa joie… et partir sans me dire un seul mot, sans me revoir ! Ah ! c’est la haine ou l’indifférence la plus cruelle ; et cependant hier au soir encore, comme il me regardoit ! avec quelle tendresse il prit ma main et la pressa contre son cœur !… Il est vrai qu’il la repoussa avec terreur, et me quitta rapidement ; et c’étoit pour toujours !… Non, non, c’est impossible ; il n’est pas faux ; il n’est pas le plus barbare des hommes… Il y a de l’erreur… Ce do-