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que j’aime à être avec lui. Alors ses pleurs couloient sans qu’elle sût pourquoi ; elle regardoit son petit portrait, le baisoit, lui disoit ce qu’elle n’osoit dire à l’original, le remettoit dans son sein, alloit se coucher avec lui ; et le lendemain, en revoyant le comte, elle ne pensoit plus qu’au plaisir de le voir.

C’étoit à peu près là son histoire de tous les soirs ; mais la veille elle avoit été plus émue qu’à l’ordinaire, et par la présence du comte, et par son trouble, et surtout par cette prompte retraite à laquelle elle ne s’étoit pas attendue. Pour la première fois, elle pensa qu’il y avoit quelque chose de bien singulier dans la conduite de son époux. Tant d’inégalités, de contrariétés, devoient enfin la frapper. Est-elle aimée ? ne l’est-elle pas ? Elle cherche à se rappeler tout ce qui peut l’éclairer sur les sentimens du comte, tout ce qui s’est passé depuis son arrivée à Ronebourg. Une romance qu’elle y avoit composée dans le temps où il l’évitoit, où elle