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qu’il jetoit sur elle ; une fois elle le surprit baisant avec ardeur une natte de ses cheveux qu’il lui avoit demandée. Que falloit-il de plus à Caroline ? Élevée dans la plus parfaite innocence, n’ayant jamais eu de liaison ni de conversations qu’avec la chaste chanoinesse, n’ayant lu que des livres qu’elle lui donnoit, elle étoit heureuse de voir son époux, de l’entendre, de savoir qu’elle étoit aimée, de passer sa vie auprès de lui ; et quand il la quittoit le soir, le seul chagrin d’être séparée de lui jusqu’au lendemain faisoit couler ses larmes ; c’étoit aussi les seuls momens où elle doutoit de sa tendresse. Car enfin, disoit-elle, il ne tenoit qu’à lui de rester ; nous aurions encore un peu causé, un peu lu, un peu fait de musique, et demain, à mon réveil, j’aurois eu le plaisir de le voir tout de suite. Ne pourroit-il pas dormir dans ma chambre tout comme dans la sienne ? Ah ! si j’osois le lui dire ! — Mais sans doute il n’aime pas autant à être avec moi,